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OVER MY (DEAD) BODY
OXANA SHACHKO - SOFIE MULLER - KATYA EV
Curated by Azad Asifovich
Opening: Thursday 16 May
from 6-9 pm
Geukens & De Vil, ANTWERP
Exhibition > 22/06/2019
Overview Individual works Biographies Press
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OVER MY (DEAD) BODY
(par Azad Asifovich)
Imaginée comme une séquence de la narration spatiale à l’échelle tritonique, l'exposition met en dialogue trois artistes, femmes, qui travaillent autour du corps humain, ou avec, ou sur lui. Ce dialogue passe à travers des correspondances thématiques ainsi qu'une cohérence entre les médiums et les matériaux de l'exposition : chaque artiste utilise des matériaux naturels comme l’albâtre et le sang, le bois et le lait, la tempera, le jaune d’œuf sur bois, et l’or.
Le titre de l’exposition fait référence à une pièce imprimée de Mona Hatoum: Over my dead body. Réalisée entre 1988 et 2002, l'artiste palestino-britannique y joue avec les expressions communes et toutes-faites. S'y mêle à un humour probant (un soldat-jouet contre le visage de l'artiste comme une mouche dérangeante), la lourdeur symbolique de la phrase employée, et l'interposition par Hatoum de son propre corps. En résulte une métaphore réflexive sur la condition des personnes qui ont souffert de la guerre, de la violence.
L'exposition présentera une sélection d’icônes féministes par Oxana Shachko, dans lesquelles le corps, en particulier le corps féminin, est déformé par une prise de parti radicale de l'artiste face aux dogmes religieux. Les icônes de cette artiste, disparue il y a un an, révèlent d’une manière ou d’une autre la trace des expériences physiques de leur auteur : elles témoignent au fond des expériences du corps de l’artiste et activiste, de ses limites psychologiques et physiques.
Les sources esthétiques de l’artiste puisent dans l’histoire de l’art, mais dialoguent aussi avec la culture visuelle contemporaine. Les personnages sont traités en deux dimensions, en rupture avec les interrogations de la peinture figurative contemporaine, rappelant des représentations proches de la bande dessinée qui privilégie, comme les icônes, le petit format. Cela oblige l’artiste à choisir des attributs qui, comme dans la peinture religieuse, permettent au spectateur d’identifier rapidement les vices dénoncés.
Une série de dessins anthropomorphes de Sofie Muller représente sous divers angles le corps. Des corps juxtaposés, oniriques, en morceaux, désincarnés mais minutieusement observés et imprégnés d'une vitalité sanguine, comme certaines esquisses anatomiques de Léonard de Vinci.
Les dessins sont littéralement produits à l’aide du sang de l'artiste, sur son matériau fétiche, l’albâtre. Ce geste d'appliquer du sang sur de la pierre renvoie à la tradition païenne du sacrifice. La fragilité du corps dans sa vitalité même, et particulièrement du corps en action de l'artiste, se retranscrivent dans ces dessins. Les exposer en écho avec les icônes d'Oxana permet, notamment, d'y trouver une correspondance entre les couleurs charnelles
travaillées par les deux artistes.
Untitled (le silence du dôme), par l’artiste franco-russe Katya Ev, est un carcasse de lit remplit de lait jusqu'à obtenir une surface blanche qui reflète comme un miroir le spectateur face à lui-même, au sein de ces connotations symboliques (le lit comme exposant à l'intimité et la vulnérabilité, le lait comme nourriture première, d'origine maternelle). Le lit s'appréhende comme un commencement et comme une fin. « Un corps, humain, s'allonge sur un autre, matériel, et y devient comme un corps vide, verticalisé et inerte »*
* La citation libre du rêve d’Anton Voyl, raconté par lui meme à l’auteur - 04/08/18
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